Balado d’information sur la santé au Canada

Les infirmières praticiennes au Canada — Christine Laliberté et Diana Dima

Episode Summary

Le recours accru aux infirmières praticiennes est l’une des solutions les plus souvent envisagées pour atténuer la pénurie continue de médecins de famille au Canada, surtout dans les collectivités rurales et éloignées. Selon les données de l’ICIS, il y a environ 8 000 infirmières praticiennes au Canada, et leur nombre est en hausse. Toutefois, ces dernières se heurtent à des obstacles pour ce qui est de leur rémunération, de leur niveau d’autonomie et de la supervision par un médecin. L’animatrice Alya Niang est accompagnée de Christine Laliberté, infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne et présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec, et de Diana Dima, chef de service des effectifs d’infirmières praticiennes spécialisées du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Ensemble, elles discutent des champs d’activité des infirmières praticiennes, de leurs besoins et du plan visant à accroître leurs effectifs.  Cet épisode est disponible en français seulement.

Episode Notes

Dans cet épisode du BISC, l’animatrice Alya Niang s’entretient avec Christine Laliberté et Diana Dima au sujet de la place qu’occupent les infirmières praticiennes dans le secteur des soins de santé au Canada et des défis qu’elles doivent surmonter.

Episode Transcription

Alya Niang

Toujours à la recherche d’un médecin de famille? Vous n’êtes certainement pas seul. On estime à 6 millions le nombre de Canadiens qui n’ont pas de médecin de famille et qui doivent compter sur les cliniques sans rendez-vous, la médecine virtuelle ou se rendre aux urgences locales pour obtenir des soins médicaux si tant est qu’ils en obtiennent. C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent pour demander l’augmentation du nombre d’infirmières et infirmiers praticiens au Canada afin de combler les lacunes.

Le balado d’aujourd’hui porte sur comment les infirmières et infirmiers praticiens deviennent l’une des professions de la santé qui connaît la plus forte croissance au Canada.

Bonjour et bienvenue au balado d’information sur la santé au Canada. Ici Alya Niang et je suis ravie d’animer cette conversation où nous examinons de plus près notre système de santé. Rappelez-vous que les opinions et les commentaires de nos invités ne reflètent pas nécessairement ceux de l’ICIS. Cependant, il s’agit d’une discussion libre et ouverte et cet épisode porte sur les infirmières et infirmiers praticiens spécialisés, une solution à un système de santé soumis à de fortes pressions et ce qui empêche un plus grand nombre d’entre eux de s’occuper des patients sans médecin de famille à travers le Canada.

Nous avons avec nous aujourd’hui Madame Christine Laliberté, infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne et présidente de l’association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. Bienvenue madame Laliberté.

Christine Laliberté

Bonjour.

Alya Niang

Et madame Diana Dima, chef de service des effectifs d’infirmières praticiennes spécialisées du centre intégré universitaire de santé et les services sociaux du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Bienvenue madame Dima.

Diana Dima

Enchanté, bonjour.

Alya Niang

Alors, Christine, je vais commencer avec vous. Beaucoup de gens pourraient ne pas savoir le rôle d’une infirmière praticienne spécialisée, en plus court, les IPS. Donc, pouvez-vous l’expliquer à ceux d’entre nous qui n’ont jamais été soignés par une telle personne?

Christine Laliberté

Oui, absolument. En fait, je vais commencer en vous parlant de la formation. Les infirmières praticiennes spécialisées ont une formation universitaire de 2e cycle. Ce que ça veut dire c’est que, à la base, c’étaient des bacheliers qui ont fait un premier niveau universitaire, qui ont travaillé pendant quelques années. Au Québec, c’est 2 à 20 ans d’expérience avant de retourner à l’université faire un 2e niveau où on va chercher une maîtrise et un diplôme d’études supérieures spécialisées et à la suite duquel, on va faire un examen de certification pour rentrer en pratique. Ce que ça fait de particulier, c’est qu’on a une pratique qui est quand même assez autonome. On peut poser des diagnostics, mais on peut aussi établir des plans de traitements. Ce qui veut dire qu’on peut prescrire de la médication, des analyses de laboratoire, de l’imagerie. On peut référer vers d’autres spécialités aux besoins.

Donc, c’est ce qui fait en sorte qu’on peut fonctionner longuement avant d’avoir besoin de demander une référence médicale selon les situations. Donc, on peut retrouver les infirmières praticiennes, notamment en première ligne. Donc, par exemple, dans des cliniques médicales, des cliniques d’infirmières praticiennes, des cliniques dirigées par des infirmières praticiennes ou encore, au Québec, des CLSC. On peut aussi les retrouver en centre hospitalier. On en a dans plusieurs domaines de spécialités. Si j’y vais pour le Québec, mais c’est quand même similaire dans les autres provinces canadiennes, c’est qu’il va y avoir des infirmières dans des soins primaires, au Québec, on va parler de la première ligne. On en a aussi, par exemple, qui travaille en centre hospitalier au Québec, on va nommer les IPS en soins aux adultes qui peuvent travailler dans des domaines variés : pneumologie, cardiologie, néphro-oncologie, etc. On a aussi des infirmières praticiennes qui travaillent en santé mentale, en soins pédiatriques ou encore sur des unités néonatales pour les bébés qui sont nés prématurés, entre autres, avec des complications.

En résumé, c’est pas mal ce qu’on va retrouver au niveau de la pratique des infirmières praticiennes.

Alya Niang

Et est-ce qu’il y a des limites à ce qu’elles peuvent faire?

Christine Laliberté

En fait, les limites sont beaucoup liées à la classe de spécialités pour le Québec, c’est spécifique au Québec, la classe de spécialités. Mais ils sont en lien beaucoup avec l’expertise, l’expérience de l’infirmière, le jugement clinique. Mais, on a aussi, chaque province et territoire canadiens a ses propres lois et règlements. Donc, on a des limitations en lien avec ça.

Ensuite de ça, va être beaucoup plus en lien avec notre déontologie ou notre éthique dans notre travail, selon est-ce que je sens que j’ai l’expérience pour gérer le problème de santé de la personne qui est devant moi. Alors, si je suis une personne qui vient de terminer sa formation ça fait un mois, versus quelqu’un qui est en pratique clinique depuis plus de 10 ans, on va pas faire nécessairement les mêmes approches ou le même soin étant donné l’expérience qui est entrée aussi, la formation continue. Donc, la restriction, elle est vraiment liée aussi à l’expertise, mais on reste balisé par des lois et règlements.

Alya Niang

Parfait, merci. Et pensez-vous qu’il y a vraiment des avantages à consulter une infirmière praticienne plutôt qu’un médecin?

Christine Laliberté

En fait, il y a des avantages à consulter les deux. Je pense que c’est une question d’accessibilité, mais de collaboration entre nous aussi. Puis, il faut toujours penser d’utiliser la meilleure ressource pour offrir le service dans un but justement d’améliorer l’accès. Alors, si l’infirmière praticienne peut gérer une situation et libérer le médecin pour en gérer une autre plus complexe, on a avantage comme ça à travailler en collaboration. Alors oui, il y a des avantages, on va donner quelques exemples un petit peu plus tard de ce qu’on peut faire en tant qu’infirmière praticienne spécialisée. C’est dans notre complémentarité, je dirais, au niveau des soins et services. Notre approche aussi pour tout ce qui touche la prévention, la promotion de la santé, l’éducation en complémentarité avec les équipes médicales, il y a une différence pour les patients dans le niveau de soins qui vont recevoir. Puis, on les amène, les patients, aussi à mieux gérer leur état de santé, à mieux le connaître et le comprendre. Donc, il y a vraiment un avantage à travailler avec les deux, mais clairement l’IPS peut apporter beaucoup à la population.

Alya Niang

C’est certain. Diana, venons-en à vous. Vous n’êtes pas une IPS, mais en tant que chef de service des effectifs d’infirmières praticiennes spécialisées, pouvez-vous me parler un peu de votre rôle au quotidien?

Diana Dima

Oui. Donc moi, comme gestionnaire, en fait, je m’occupe principalement du côté administratif, de la gestion de tous les jours des infirmières praticiennes dans chacune de leurs spécialités. Par exemple, chez nous, dans notre CIUSSS, nous avons 4 spécialités des 5 qui existent dans notre province.

Je m’occupe aussi du recrutement, des embauches de ces nouvelles IPSPL, en fait de toutes les spécialités. Je m’occupe de leur rétention aussi, des IPS qui sont présentement en poste. J’assure la bonne intégration des nouvelles embauchées. Tout ce qui est planification, accueil aussi de stagiaires, présentement, je m’occupe de ça. J’assure aussi le développement du rôle IPS en collaboration avec le ministère, bien sûr, afin d’atteindre les cibles qui sont préétablies, qui nous sont données par le ministère pour justement améliorer l’accès aux soins de la population.

En fait, je participe au développement de nouveaux postes en fonction de ces IPS et de leurs spécialités et des différents milieux. Donc, on collabore avec différentes directions et différents médecins aussi afin de créer cette réponse aux besoins populationnels.

Alya Niang

Diana, pouvez-vous parler un peu de la clinique GAMF, c’est-à-dire le guichet d’accès à un médecin de famille qui a été fondé en juin 2021? Quel est vraiment le but de cette clinique?

Diana Dima

Donc, cette clinique, on l’appelle la clinique GAMF. Elle est située en première ligne. Le but premier, vraiment, de cette clinique c’est de la prévention, de la promotion de la santé. On fait de la prévention primaire, secondaire et tertiaire pour les patients orphelins, comme on dit ici dans notre province, ceux qui ne sont pas assignés à des médecins de famille. Donc, ceux qui sont en attente sur la liste du guichet d’accès médecin de famille.

Donc, sur notre territoire, présentement, on a 80 000 d’inscrits sur cette liste-là, environ. Donc, on offre une offre de service qui est, comme j’ai dit, préventive premièrement. On a deux volets. Donc, on a des infirmières auxiliaires qui travaillent, on a des infirmières cliniciennes et on a des infirmières praticiennes spécialisées en première ligne.

Donc, le premier volet, c’est vraiment un volet de dépistage qui est fait par les infirmières cliniciennes pour les patients de cette liste GAMF qui font vraiment une évaluation du dépistage avec des ordonnances collectives et une orientation vers les professionnels dont ces patients ont besoin. Et ça se peut que certains de ces patients, elles les orientent vers les IPS qui sont de la même clinique.

Le 2e volet consiste un volet de stabilisation au court terme des problématiques chroniques et des nouveaux diagnostics qui ont été dépistés par les infirmières cliniciennes. Ceci est fait par les IPS première ligne.

Donc, c’est vraiment afin d’éviter des complications, afin d’éviter, justement, que ces patients se retrouvent à l’urgence. Toutes les maladies chroniques, complexes en attendant l’assignation d’un médecin de famille, ces patients-là sont pris en charge, stabilisés du côté de leur problème qui est dépisté, justement, par les IPSPL elles-mêmes.

Alya Niang

Donc, on pourrait dire que cette clinique a été vraiment très utile pour les patients sans médecin de famille.

Diana Dima

Absolument. On y va par tranche de patients. C’est sûr que depuis, comme vous l’avez dit, on est en opération depuis juin 2021. Les IPS, elles-mêmes, elles ont vu plus que 2 800 patients jusqu’à maintenant. Toute la clinique a fait plus que 5 000 tests diagnostiques. Vous pouvez vous imaginer que de tous ces diagnostics-là, 87 % de tous les tests diagnostiques ont été faits, bien sûr ils sont revenus positifs, ça veut dire qu’il y a quelque chose d’anormal qui est sorti. Donc, il y a tout plein de problèmes dans la première ligne qu’il faut adresser et que c’est sûr que si ces personnes-là n’avaient pas consulté, ils pourraient très bien se retrouver à l’urgence ou dans des cliniques d’urgence autre part. Donc, c’est sûr que ça a beaucoup, beaucoup bénéficié la population qu’on dit qui est en attente d’un médecin de famille.

On sait que le temps moyen, chez nous ou même dans la province, c’est environ un an d’attente sur la liste avant d’avoir une assignation d’un médecin de famille.

Alya Niang

Christine, je reviens vers vous. Nous avons découvert qu’ils ont été introduits, c’est-à-dire les infirmières et infirmiers praticiens spécialisés, pour la première fois en 1967, mais ce n’est que récemment que le nombre a augmenté. Donc, 7 400 à travers le pays et la plus forte augmentation par rapport aux autres soins infirmiers, soit une hausse de 10 % entre 2020 et 2021. Qu’est-ce que cela vous dit?

Christine Laliberté

En fait, j’ai l’impression qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer la situation. La première, c’était celle de l’évolution du rôle. Quand on amorce les premières cohortes de formation des infirmières praticiennes, ça prend un temps dans chaque province et territoire pour amener une expérience, une expertise pour en former d’autres. Donc, il y a la loi du nombre initial. Il y a aussi le fait que les besoins populationnels sont croissants. Il y a eu la pandémie aussi qui a fait augmenter et qui a comme un peu fait ressortir les besoins de notre système de santé de se modifier pour répondre aux besoins populationnels.

Il y a la croissance aussi en lien avec les lois et règlements. Chaque province, puis moi, je vais parler pour le Québec étant donné que c’est celui où j’ai eu à travailler le plus, mais ça nous a pris de nombreuses années aussi à avoir le rôle de l’infirmière praticienne telle qu’il se devrait. Donc, c’est seulement depuis janvier 2021 qu’on peut poser les diagnostics, alors qu’on est dans le réseau québécois depuis 2005, comparativement à nos collègues des autres provinces territoires canadiens qui ont, dès le départ, posé les diagnostics en lien avec les évaluations qu’ils pouvaient compléter.

Donc, ça crée, tout ce chemin-là crée des retards. Il y a aussi toute la connaissance du rôle et la reconnaissance du rôle et les échanges aussi avec les différents groupes professionnels pour faire avancer cette profession-là. Je pense qu’on est rendu dans un point de non-retour, en fait, parce qu’on voit bien que les besoins populationnels sont là, puis comment on peut faire pour mieux utiliser toutes les ressources du réseau de la santé. Ici, on parle des infirmières praticiennes, mais c’est la même chose pour l’ensemble des professionnels qui sont souvent sous-utilisés et pour lesquels on pourrait offrir un meilleur accès à la population de par les échanges fluides entre nous, différents corps professionnels, pour optimiser les besoins des gens, pour répondre vraiment à ce qu’ils veulent en temps opportun.

Donc, je pense qu’il y a beaucoup de facteurs comme ceux-là qui sont venus influencer cette évolution. Mais c’est vraiment une bonne nouvelle!

Alya Niang

C’est clair. Et vous avez un peu touché à ma prochaine question en parlant de la COVID. Est-ce que la COVID-19 à a été un facteur de l’importance croissante des IPS?

Christine Laliberté

En fait, oui et non. Non, dans la crise de la pandémie. En fait, il y a des endroits où le rôle a été vraiment sous-utilisé chez les infirmières praticiennes, mais probablement par méconnaissance de tout ce qu’on aurait pu apporter de mieux pour la population à ce moment-là. Par contre, en sortant de la pandémie, c’est comme le contraire. Maintenant, on voit la valeur ajoutée. On a fait évoluer aussi le rôle, comme pour nous, au Québec, toute l’histoire de poser le diagnostic s’est fait pendant la pandémie, on était en pleine commission parlementaire. Donc, ça s’est complété à la suite. Et il y a des endroits qui, au contraire, ont justement bonifié l’utilisation de l’expertise et des compétences de ces infirmières-là pour rehausser, entre autres, le rôle de tous parce qu’on travaille en collaboration aussi avec nos collègues infirmières. On peut s’accompagner sous forme de mentorat, de supervision, améliorer les compétences de tout le monde. Et on dirait que la pandémie nous a permis de voir cette possibilité-là qu’on pouvait avoir à différents niveaux. Et il y a des endroits aussi qui ont utilisé des infirmières praticiennes pour gérer de nouvelles cliniques, gérer de nouveaux centres pour les personnes âgées.

Donc, on a vraiment potentialisé ce qu’on pouvait faire au niveau du rôle de l’infirmière praticienne. Donc, en certains niveaux, effectivement, oui, ça l’a fait progresser la profession.

Alya Niang

Christine, compte tenu des nombreux problèmes que connaît le système de santé, pensez-vous qu’un plus grand nombre d’IPS pourrait être une solution pour remédier à la pénurie de personnel et à la fermeture des urgences?

Christine Laliberté

En fait, oui, à plusieurs niveaux, puis pas seulement que des infirmières praticiennes. Évidemment, je dirais rehausserais l’ensemble des professionnels qui sont là, tantôt, comme je vous mentionnais, je considère parfois sous-utilisée dans leurs compétences. Mais au niveau des infirmières praticiennes, on a beaucoup apporté pour désengorger les urgences de par ce qu’on peut faire à l’extérieur, si on parle entre autres des infirmières praticiennes en soins de première ligne, comme la nouvelle clinique qui est ouverte à Montréal. En fait, ils vont pouvoir vraiment désengorger. Puis, on fait pas seulement que, par exemple, des otites ou des sinusites, des rhumes, on peut vraiment aller plus loin avec des vertiges, des étourdissements, douleurs abdominales. Donc, les gens ne savent pas jusqu’où on peut aller au niveau du rôle et on a beaucoup apporté là et encore mieux, quand on fait la prise en charge qui accompagne tout ça, justement pour éviter que ces patients retournent aux urgences.

Donc, si on découvre des maladies chroniques, qu’on puisse conserver ces gens-là en suivi pour éviter des détériorations de l’état de santé, mais il y a aussi de penser à nos collègues en centre hospitalier qui, à plusieurs niveaux, notamment au Québec, mais à d’autres endroits du Canada, ne peuvent pas faire l’admission et donner les congés hospitaliers aux patients, de sorte qu’il y a des heures d’attente pour faire sortir des patients qui pourraient faire permettre d’hospitaliser quelqu’un qui est à l’urgence.

Donc, vraiment là, si on utilisait le plein potentiel de toutes les spécialités d’IPS, on serait en mesure, autour de l’urgence, de venir désengorger les services et faire bénéficier les patients de l’accessibilité qu’on pourrait leur donner supplémentaire. Puis, la priorité, c’est d’éviter que justement les gens qui pourraient être en sans rendez-vous à l’extérieur soient obligés de se diriger vers les urgences. Et de là est une bonne initiative d’avoir créé ces fameuses cliniques d’infirmières praticiennes qui vont permettre justement de répondre à ce besoin-là.

Alya Niang

Que pensez-vous de l’immigration, en fait? Est-ce que ce serait une bonne idée d’importer les IPS d’autres pays?

Christine Laliberté

Effectivement. En fait, on a besoin… déjà quand on parle d’infirmières praticiennes, on parle d’une pratique avancée. Pour faire ça, ça prend beaucoup d’infirmières bachelières et des infirmières bachelières c’est celles qui ont fait un premier niveau universitaire. Alors, si, entre autres pour le Québec, le bac, éventuellement, sera une option peut-être obligatoire, qui va augmenter le bassin disponible d’infirmières en plus des gens qui viennent des autres pays, de l’extérieur, qui ont déjà ces compétences-là et qui pourraient accéder à la formation d’infirmières praticiennes, ça vaudrait vraiment la peine.

Alya Niang

Vous l’avez tantôt mentionné, Christine, la nouvelle clinique opérée par les IPS pour désengorger les urgences qui a ouvert ses portes tout récemment, le premier décembre, et c’est une première à Montréal. Pouvez-vous nous en parler un peu plus?

Christine Laliberté

En fait, c’est une initiative qui est excellente. C’est tout nouveau, tout frais, tout nouveau. Plusieurs infirmières praticiennes sont impliquées, d’ailleurs, je peux profiter pour les saluer puis les féliciter parce que je n’ai pas eu cette chance là encore jusqu’à maintenant. De pouvoir, justement, mener à terme ce projet-là qui est une première et qui est sûrement une voie de l’avenir aussi en complémentarité avec les autres modèles existants. Puis, on parle souvent d’infirmières avec des cliniques d’infirmières praticiennes,ce qu’on souhaite c’est qu’il y ait tout l’accompagnement nécessaire, mais aussi des ressources complémentaires, de psychologues, travailleurs sociaux, physiothérapeutes, infirmières praticiennes en santé mentale pour former des cliniques interdisciplinaires, pour leur donner vraiment les moyens de rehausser encore plus l’accessibilité et d’offrir des services complémentaires aux patients qui vont se présenter dans ces cliniques-là.

Alors, c’est une des voies de l’avenir, puis je pense que l’important c’est qu’on travaille tous ensemble, incluant les médecins collaborateurs qui sont avec nous dans ces projets-là, pour offrir vraiment les meilleurs services à la population.

Diana Dima

Justement, notre clinique GAMF, je peux vous dire, on aurait justement une IPS en santé mentale qui va se joindre à l’équipe en janvier ainsi qu’un physiothérapeute aussi pour faire tout l’interdisciplinaire. Nous aurons aussi des sans rendez-vous, puis on pourra répondre aux GAP, aux demandes des GAP, des guichets accès populationnel, qui est une particularité dans notre province aussi. On est en pleine expansion, justement, comme j’ai dit, ouvrir des plages de sans rendez-vous à cette population qui est en attente d’un médecin de famille pour ne pas, justement, désengorger les urgences de notre manière aussi et utiliser le travail interdisciplinaire. Le but de cette clinique, ce qu’elle a vraiment accompli, je vous dirais, c’est la pleine utilisation du champ pratique de chacune des infirmières, infirmières auxiliaires, elles pratiquent à fond, les infirmières cliniciennes aussi, elles font tout ce qu’elles peuvent faire, dans cet acte professionnel avec les ordres collectifs, les ordonnances collectives ainsi que les IPS en première ligne aussi.

Et donc, ce qui manquait justement du côté santé mentale, on essaie de maintenant de le combler avec l’ajout d’une IPS en santé mentale en contexte première ligne.

Alya Niang

Ça, c’est une excellente idée, ça.

Christine Laliberté

On a aussi des modèles à Québec comme le modèle SABSA, on a les cliniques Archimède qui sont des modèles similaires, qui mettent de l’avant le rôle des infirmières et des autres ressources professionnelles, mais aussi les raisons de consultation, de répondre par le meilleur intervenant pour le besoin populationnel. Mais dans les faits, si on avait plein de cliniques comme Diana nous présente, en plus des cliniques existantes, peut-être que finalement, on parle de prise en charge en attendant une prise en charge avec un médecin de famille, est-ce que c’est ça qui est nécessaire ou c’est plutôt qu’on est en train de répondre à un besoin populationnel, puis il y a un moment où le besoin nécessite le médecin qui est une partie de notre équipe aussi, qui vient compléter ces soins.

En réalité, on pourrait avoir plein de cliniques comme Diana mentionne pour répondre aux besoins, puis on aurait une population qui reçoit tous ces services, peu importe, par l’intervenant le meilleur pour répondre à ses besoins.

Alya Niang

Parfait. Alors, il est clair que beaucoup de gens en ce moment n’ont pas de médecin de famille. Donc, si une personne en ce moment à l’écoute n’a pas de médecin, doit-elle envisager de chercher une IPS? Et si oui, quelle est la meilleure façon de la trouver?

Christine Laliberté

Bien en fait, dans plusieurs provinces et territoires canadiens, il y a des sites qui existent déjà où les patients peuvent déjà consulter le site internet pour dire moi j’aimerais avoir un médecin ou une infirmière praticienne pour faire mes suivis. Au Québec, on n’est pas encore arrivé là, on s’en vient doucement, probablement 2023. Mais les patients au Québec qui voudraient consulter une infirmière praticienne, souvent, vont avoir accès dans les cabinets où il y a déjà des infirmières praticiennes présentes ou encore dans les cliniques comme Diana nous parlait où là, c’est des accès directs quand ils n’ont pas de médecin de famille, notamment. C’est la voie principale actuellement.

Mais en 2023, probablement qu’on aura peut-être un système aussi qui permettra aux gens de choisir un médecin ou une infirmière praticienne pour faire son suivi et que l’accessibilité sera présente comme dans les autres provinces et territoires canadiens.

Alya Niang

Et Diana, un petit mot à rajouter?

Diana Dima

Non, ça serait excellent si ça fonctionnait de même, c’est sûr. Nous, je peux vous dire, à la clinique GAMF, on appelle nous-mêmes les patients qui sont sur la liste d’attente pour le médecin de famille et on leur demande s’ils veulent voir une infirmière clinicienne, une IPSPL, s’ils ont des maladies déclarées déjà, ça dépend de leur catégorie.

Donc, c’est comme ça qu’on fonctionne. On fonctionne par tranche d’âge, c’est comme ça qu’ils peuvent accéder à la clinique.

Alya Niang

Merci, Christine, merci, Diana, d’avoir élucidé les questions relatives aux IPS, un sujet d’actualité et également très important. Merci beaucoup encore.

Christine Laliberté

Merci beaucoup, bonne journée.

Diana Dima

Bonne journée.

Alya Niang

Des études montrent que la demande d’infirmières et infirmiers praticiens spécialisés devrait augmenter de plus de 50 % au cours de la prochaine décennie. Nous espérons que vous en avez appris davantage sur ce qu’ils font et comment ils peuvent aider les patients partout au Canada. Merci de vous joindre à notre discussion.

Notre producteur exécutif est Jonathan Kuehlein et un grand merci à Ieashia Minott et Avis Favaro, l’animatrice du balado de l’ICIS en anglais.

N’oubliez surtout pas de vous abonner au balado d’information sur la santé et écoutez-le sur la plateforme de votre choix. Ici Alya Niang, à très bientôt.